Le 19 décembre 2022, la Conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15) s’est conclue à Montréal avec l’adoption d’un nouveau cadre mondial pour la protection de la biodiversité: le cadre Kunming-Montréal. Les attentes étaient immenses alors que les signaux d’effondrement de la biodiversité mondiale sont au rouge. Le document adopté est une avancée majeure pour la protection de la nature et de la biodiversité qui témoigne de la volonté de la communauté internationale d’enfin accorder à la crise de la biodiversité une attention égale à la crise climatique.
Plusieurs éléments sont à souligner parmi les 23 objectifs du cadre Kunming-Montréal:
- La protection de 30% des aires terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines d’ici 2030. Cette cible était demandée et attendue. Cela ne doit pas pour autant signifier « un bar ouvert » pour les 70 % restants. Une planification responsable et durable de l’ensemble du territoire est impérative;
- La restauration de 30 % des écosystèmes terrestres et marins;
- La réduction de moitié du gaspillage alimentaire ainsi que des risques associés à l’utilisation des pesticides;
- La réduction de la pollution par les plastiques.
Il était ardu de suivre le rythme des annonces et des engagements de ce marathon qui a débuté le 7 décembre. En voici quelques-uns qui méritent d’être soulignés et qui devront faire l’objet d’un suivi dans les prochaines années:
- La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a annoncé l’adoption de l’objectif de protection de 30 % du territoire ainsi que la création d’un réseau de parcs métropolitains. Cet engagement intervient alors que le processus de révision du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) s’amorce et que la CMM a récemment adopté deux règlements de contrôle intérimaire visant la protection des milieux naturels et des espaces présentant un potentiel de renaturalisation. La route est encore longue pour atteindre la cible qui nécessite la protection de 35 000 ha supplémentaires.
- La Ville de Montréal a annoncé l’agrandissement du parc du Mont-Royal suite à la cession, par la Société québécoise des infrastructures (SQI), de terrains situés sur le site de l’ancien hôpital Royal-Victoria. Ce transfert de terrain faisait partie de nos demandes lors des consultations publiques de l’OCPM sur l’avenir du site. Autre élément marquant, la conversion de 40 % des stationnements situés à proximité de la Maison Smith en milieu naturel. La déminéralisation du stationnement, la renaturalisation et la consolidation de milieux naturels vont contribuer à la fois à augmenter la biodiversité, à améliorer l’expérience du visiteur et à réduire l’important îlot de chaleur situé en plein cœur de la montagne.
Ces deux actions ne sont pas la finalité mais doivent être des étapes de plus dans une stratégie visant la consolidation des milieux naturels, la bonification des accès à la montagne au profit d’une mobilité active et collective, la cohabitation harmonieuse des usages dans le respect de la capacité limite des écosystèmes ainsi que de l’amélioration de l’expérience pour l’ensemble des usagers du parc. Nous invitons la Ville de Montréal, la SQI, l’Université McGill ainsi que tous les partenaires impliqués sur la montagne à poursuivre cet élan et à poser d’autres gestes forts dans les prochains mois.
- La COP15 a été l’occasion d’amorcer un dialogue sur les causes sous-jacentes du déclin de la biodiversité. Cette discussion nécessaire a été initiée par le Collectif COP15 et la SNAP-Québec. L’événement s’est conclu par l’Appel de Montréal qui invite l’ensemble des parties prenantes à poursuivre la réflexion. Nous vous invitons d’ailleurs à signer cet appel et à le partager largement.
- La Ville de Montréal a également lancé l’engagement de Montréal qui invite les municipalités à poser 15 actions en faveur de la biodiversité. Déjà signé par une cinquantaine de villes partout dans le monde, cet engagement est l’occasion de rappeler le rôle crucial qu’ont à jouer les villes dans la protection de la biodiversité.
- Enfin, le gouvernement du Québec a annoncé l’élaboration d’un Plan nature 2030 et d’un investissement de 650 M$ sur 7 ans afin d'accélérer la protection des milieux naturels et d’améliorer l’accès à la nature est une avancée importante.
La société civile, regroupée sous le Collectif COP15, a été très active tout au long de la quinzaine, proposant une programmation riche en contenu et en échanges (conférences, événements artistiques, grande Marche pour le vivant). De notre côté, nous avons eu l’occasion de faire partie de la délégation du RNCREQ présente au Palais des Congrès et de prendre part à plusieurs événements organisés en parallèle de la COP15.
Bref, Montréal a vibré au rythme de la biodiversité tout au long du mois de décembre. Souhaitons maintenant que l’effervescence de ces dernières semaines ne s'essouffle pas et que la protection de la biodiversité soit au cœur de l’ensemble des décisions des gouvernements au cours des prochains mois et des prochaines années.
Car au-delà des mots, ce sont les actions qui comptent!