Lettre ouverte | Le Grand Sud-Ouest a besoin d’un transport collectif structurant

Au cours des deux prochaines décennies, le Grand Sud-Ouest – vaste sous-région de l’île de Montréal couvrant six arrondissements et quatre villes – connaîtra une croissance démographique fulgurante, alimentée par une explosion de projets immobiliers. Si cette région formait une seule ville, elle serait, avec plus de 434 000 habitants, la quatrième en importance au Québec.

Dans un territoire sur lequel jusqu’à 75 % des déplacements se font en voiture (ARTM, 2023), et dans une région métropolitaine où le nombre d’automobiles augmente deux fois plus vite que la population (CMM, 2023), il devient impératif d’inverser la tendance. Le statu quo n’est tout simplement plus viable. Il faut offrir des solutions de rechange modernes, structurantes et durables à l’auto solo.

C’est précisément pour répondre à ce besoin que l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), à la demande du ministère des Transports, a lancé en 2022 une étude visant la création d’un projet structurant de transport collectif entre le Grand Sud-Ouest et le centre-ville de Montréal.

Depuis longtemps, le tramway a été identifié comme la meilleure option pour répondre aux enjeux de congestion de la région.

Ce mode de transport, implanté dans plus de 400 villes à travers le monde, est reconnu non seulement pour sa capacité à transporter efficacement des milliers de passagers, mais aussi pour son accessibilité, son confort et surtout, sa contribution à la revitalisation des quartiers qu’il traverse – un effet bien plus structurant que celui généré par de simples lignes d’autobus ou même de service rapide par bus (SRB).

Mauvaise surprise

Alors que les citoyens, les organisations et les acteurs économiques du Grand Sud-Ouest attendaient des nouvelles de ce projet avec impatience, la surprise fut totale : le gouvernement Legault a discrètement retiré le projet du Plan québécois des infrastructures (PQI) lors du dépôt du budget provincial en mars dernier. Pourtant, l’étude d’opportunité de l’ARTM doit être rendue publique d’ici juin 2025, et surtout, un engagement financier de 800 millions avait déjà été annoncé par le gouvernement du Québec, à la suite d’une entente avec Ottawa et la Ville de Montréal.

Cette volte-face unilatérale et opaque soulève une série de questions pressantes. Ni le Réseau express métropolitain (REM) ni le futur tram de l’Est ne couvrent le vaste territoire du Grand Sud-Ouest.

Quel plan le gouvernement propose-t-il pour répondre aux besoins croissants en mobilité de cette population ? De quelle façon les 800 millions promis aux citoyens du Grand Sud-Ouest seront bel et bien investis pour la mobilité durable du territoire ? Et surtout, verra-t-on des promoteurs renoncer à utiliser certains terrains dédiés à de la construction de logements pour céder la place à davantage de stationnements, simplement parce qu’aucune solution de mobilité crédible n’est offerte ?

Lors de l’étude des crédits budgétaires du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation du 8 mai dernier, nos questions sont restées sans réponse. La ministre Christine Fréchette a déclaré à titre de ministre de la Métropole que le projet avait été retiré du PQI, car moins prioritaire – mais selon quels critères ? Et les 800 millions de dollars promis ? Aucune réponse claire de la ministre n’a été fournie. Ainsi, nous demandons non seulement que le projet structurant du Grand Sud-Ouest soit réinstauré dans le PQI, mais aussi qu’un nouvel échéancier à cet effet soit communiqué.

La décision du gouvernement du Québec envoie un message pour le moins troublant sur la priorité accordée à la qualité de vie des citoyens de la région métropolitaine. En sabotant un projet aussi crucial, on condamne des dizaines de milliers de travailleurs à rester coincés dans les bouchons de circulation qui ne feront qu’empirer au fur et à mesure que le nombre d’automobiles sur nos routes augmentera.

Cosignataires :

  • Maja Vodanovic, mairesse de l’arrondissement de Lachine et membre du comité exécutif de la Ville de Montréal
  • Marc Doret, maire de la Cité de Dorval ; Marie-Claude Dauray, directrice générale, PME MTL Grand Sud-Ouest
  • Charles Frenette-Cyr, président, Imagine Lachine-Est
  • Jean-François Lefebvre, chargé de cours en études urbaines, UQAM
  • Henri Chevalier, directeur général, CDEC LaSalle-Lachine
  • Claude Lavoie, directrice générale, Table de développement social de LaSalle
  • ALENA Ziuleva, directrice exécutive, Table de quartier Sud de l’Ouest de l’Île
  • Anne-Marie Lelièvre, directrice générale, Chambre de commerce de Montréal Centre Sud Ouest
  • Karl Janelle, président, Coalition climat Montréal
  • Blaise Rémillard, directeur général par intérim, Conseil régional de l’environnement de Montréal
  • Pauline Robert, directrice générale, Coop Carbone
  • Philippe Jacques, co-directeur général, Trajectoire Québec
  • François Geoffroy, coordonnateur général, Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique
  • Katherine Massam, secrétaire générale, Regroupement Vigilance Énergie Québec
  • Danielle Demers, Les Amis de la Chicot de Saint-Cuthbert
  • Lucie Massé, porte-parole, AEBL (Action Environnement Basses-Laurentides)
  • Nathalie Ainsley, co-coordonnatrice de Mères au front Montréal
  • Myriam Grondin, directrice générale, Concert'Action Lachine
  • Nathalie Robitaille, directrice générale, PME MTL Ouest-de-l’Île

Lire la lettre ouverte publiée dans La Presse

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