Les usagers de l’autopartage le savent, la popularité du service est en forte augmentation, mais la pénurie de véhicules limite son essor. Avec plus de 100 000 membres et quelque 12 % des ménages de Montréal abonnés à Communauto, pour ne nommer que ceux-là, un manque de voitures ajoute une couche de complexité qui peut rebuter certains usagers potentiels.
Le problème est bien simple : en contexte de pénurie de véhicules, les constructeurs priorisent les livraisons aux concessionnaires plutôt qu’aux compagnies d’autopartage. Résultat, bien que l’autopartage soit un mode d’utilisation de la voiture qui diminue le coût économique, environnemental, social ainsi que l’espace accordé à la voiture, la centaine de milliers de ménages membres de Communauto passent après les particuliers qui s’achètent une voiture neuve (ou une deuxième, ou une troisième).
Le gouvernement du Québec a pourtant dans sa manche une solution à coût nul pour diminuer ce phénomène: la norme VZE (véhicule zéro émission). Celle-ci vise à rendre accessible un plus grand nombre de véhicules automobiles électriques et hybrides rechargeables aux québécois. Simplement en majorant le nombre de crédits qu’un constructeur obtient en vendant un véhicule à un opérateur d’autopartage par rapport à un concessionnaire, le gouvernement pourrait s’assurer qu’il soit plus avantageux pour les constructeurs de remplir les commandes à destination de l’autopartage en premier.
Voici pour l’essentiel ce que nous avons recommandé dans notre avis remis au ministère pour la consultation publique sur la révision des règlements de la norme VZE qui se déroulait jusqu’au 16 juin dernier (extrait) :
« Parce que l’autopartage est présent dans 6 grandes villes et leurs régions, qu’il concerne 12 % des ménages de Montréal et qu’il est en plein essor;
Parce que l’autopartage est au coeur de l’électrification et qu’il permet d’en maximiser les retombées;
Parce que l’essor de l’autopartage zéro émission est limité par les constructeurs;
Parce que l’autopartage est un mode d’utilisation de l’automobile en meilleure cohérence avec les politiques pertinentes du Québec;
L’accès aux VZE en quantité suffisante pour répondre à la demande des Québécois qui font le choix économiquement et écologiquement judicieux de l'autopartage est une priorité qui doit se traduire en un traitement différencié dans la réglementation de la norme VZE. Nous recommandons que la réglementation associée à la norme VZE favorise l’autopartage en accordant aux fabricants un nombre supérieur de crédits aux véhicules vendus à des opérateurs de services d’autopartage. Compte tenu du nombre de véhicules remplacés par les véhicules en autopartage, le nombre de crédits pourrait atteindre de 2 à 10 pour 1. »