Lettre ouverte | Un espace vert à protéger près de l'aéroport Trudeau

Dans quelques semaines, le monde entier aura les yeux rivés sur Montréal, qui accueillera la conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15). Les attentes sont élevées pour ce grand rendez-vous de la communauté internationale. Alors que les signaux d’alerte sur l’effondrement de la biodiversité sont au rouge partout dans le monde, le temps n’est plus aux discours, mais à l’action. Des gestes forts sont nécessaires pour renverser rapidement la tendance.

Dans ce contexte d’urgence d’agir, le gouvernement du Canada a l’occasion de marquer un grand coup en assurant la protection des terrains dont il est propriétaire à proximité de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau et en collaborant avec la collectivité montréalaise pour définir et concrétiser la vision d’avenir pour ce grand espace vert.

Les terrains concernés font l’objet d’une attention particulière depuis plusieurs années maintenant. En 2021, un projet de développement industriel dans la partie nord a rappelé que, bien qu’actuellement vert, c’est la vocation industrielle qui prédomine dans les documents de planification d’Aéroports de Montréal, organisation responsable de leur administration. L’été dernier, c’est la fauche d’un champ d’asclépiades qui a réveillé les craintes et remis les projecteurs sur l’avenir du secteur.

Une unanimité à l'échelle métropolitaine

Des organisations montréalaises (Coalition verte, Technoparc Oiseaux, CRE-Montréal) multiplient les démarches pour assurer la protection des espaces verts situés à proximité du projet de parc-nature des Sources. Elles ont été rejointes, au cours des dernières semaines, par les municipalités de l’île de Montréal alors qu’une quinzaine d’arrondissements et de villes liées ainsi que le conseil d’agglomération de Montréal ont adopté des résolutions appelant à la collaboration du gouvernement du Canada pour préserver et protéger les terres fédérales. Tout récemment, la Communauté métropolitaine de Montréal a ajouté le Golf Dorval dans son Règlement de contrôle intérimaire concernant les secteurs présentant un potentiel de reconversion en espace vert ou en milieu naturel.

Bref, l’engouement est plus grand que jamais, tant à l’échelle locale que métropolitaine.

La nature comme solution incontournable

Cette mobilisation se déroule alors que les rapports scientifiques sur l’urgence d’augmenter la résilience de nos milieux de vie se multiplient, rappelant chaque fois le rôle primordial de la nature et des infrastructures vertes dans l’adaptation aux changements climatiques.

Au cours des dernières semaines, plusieurs études (Centre Intact d’adaptation au climat⁠1, Union des municipalités du Québec⁠2) ont mis en évidence le coût de l’inaction pour les municipalités en matière d’adaptation. Ce coût est souvent bien supérieur à celui des mesures concrètes, notamment l’implantation d’infrastructures vertes et bleues et leur multitude de services écosystémiques : filtration des pollutions de l’eau, de l’air et des sols, amélioration de la perméabilité des sols, réduction des îlots de chaleur urbains.

Le projet de grand parc est une formidable occasion de créer un milieu diversifié composé d’écosystèmes complémentaires et de consolider la connectivité écologique entre les milieux naturels et les espaces verts, seule solution pour renforcer la résilience et la biodiversité dans des milieux très fragmentés.

Faire du rêve une réalité

Dans ses documents officiels, le gouvernement du Canada affirme sa volonté de créer de nouveaux parcs urbains et d’améliorer l’accès à la nature pour l’ensemble de la population. La pandémie a mis en lumière le manque d’accès à la nature en milieu urbain, mais aussi l’impact positif d’un contact régulier avec la nature pour la santé mentale. Le lancement prochain du REM de l’Ouest offrira un lien rapide et facile en transport collectif à un pôle de nature de plus de 100 hectares. Il améliorera l’accès à la nature pour un grand nombre de travailleurs et de travailleuses des secteurs d’emploi avoisinants, pour l’ensemble des résidants de la région métropolitaine et pour les touristes en visite à Montréal.

On le constate, rarement un alignement aussi parfait n’a été observé dans la région métropolitaine en matière de protection d’un espace vert d’une telle superficie. C’est au gouvernement du Canada, en collaboration avec les différentes parties prenantes, de faire de ce rêve une réalité et ainsi démontrer son leadership en faveur de la biodiversité en milieu urbain et dans l’adaptation aux changements climatiques.

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