L’avenir de la voiture : entre sobriété et électrification - Compte rendu du panel organisé dans le cadre du FNAC

Dans le cadre du Forum national de l'action climatique 2024 (FNAC) organisé par le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) les 16 et 17 avril 2024, le CRE-Montréal organisait le panel intitulé "L’avenir de la voiture : entre sobriété et électrification". Le panel était animé par Rébecca Gelly-Cyr, Responsable - Démarches collaboratives et changement de comportement au CRE-Montréal.

 

COMPTE RENDU :

"Le Québec est pris dans un système de transport centré sur la voiture construit sur des décennies ayant pour effet de favoriser l’auto au détriment d’autres modes de transport”, a mentionné Jérôme Laviolette lors de l’ouverture du panel sur l’avenir de la voiture du deuxième Forum National de l’action climatique du RNCREQ. Cette construction d’une dépendance à l’automobile est présente à l’échelle des territoires, des individus et de la société dans son ensemble, et elle repose sur une synergie entre l’aménagement, une symbolique et une image positive de la voiture et du mode de vie qui s’y rattache. 

C’est autour du sujet de l’avenir de la voiture qu’ont été réuni Jérôme Laviolette (Chercheur post-doctoral en planification des transports à l’Université de McGill), André Lavoie (Directeur général de l’Association des Centres de gestion des déplacements du Québec), Blandine Sebileau (Chargée de projet en mobilité chez Équiterre et responsable de la campagne Roulons électrique) et Alexandre Warnet (Conseiller municipal de Laval-des-Rapides et Président de la Commission environnement et transition écologique de la Communauté métropolitaine de Montréal) pour échanger sur le défi de l’électrification des véhicules tout en réduisant la dépendance à la voiture et sa place toujours croissante dans notre société (quantité, taille, infrastructures, etc.). 

Puisqu’il y aura toujours des véhicules sur nos routes, l'électrification de toutes les voitures est une solution incontournable, même si à elle seule elle est insuffisante pour faire face aux enjeux environnementaux, de qualité de l’air, de sécurité et de qualité de vie. Blandine Sebileau a tenu à rappeler que “les voitures électriques, sur leur durée de vie, sont préférables aux voitures à essence et au Québec, elles permettent d'économiser jusqu'à 80% de GES en plus d'être jusqu'à 47% moins coûteuses. Il faut se méfier des mythes qui circulent sur les véhicules électriques et ne pas se laisser décourager. L'électrification doit cependant se faire de façon raisonnée et s'inscrire dans un contexte de sobriété énergétique et de partage des ressources”.

De son côté André Lavoie a ramené le point de vue des régions en évoquant que “les enjeux de mobilité sont les mêmes en région, car nous devons nous déplacer pour aller travailler, se nourrir, etc., mais on a 0,6 % du financement des transports en commun du Québec pour 30 % de la population et deux fois plus de territoire.” Toutefois, les solutions implantées ne peuvent pas être les mêmes mur à mur pour tout le Québec. Elles doivent être adaptées aux réalités territoriales et socio-économiques des communautés régionales et urbaines ainsi que des quartiers qui peuvent différer au sein d’une même ville.

Les panélistes ont d’ailleurs abordé plusieurs pistes de solutions possibles, qui doivent s’appliquer dans une vision holistique, pour les municipalités, les organisations de la société civile, les entreprises, les différents paliers gouvernementaux et d’autres acteurs en mobilité, en passant par intégrer la mobilité au coeur de l’aménagement des villes, implanter une taxe kilométrique, recommencer à construire des trottoirs, financer des subventions au vélo électrique ou au fait de ne pas posséder de voiture, apprendre aux jeunes à faire du vélo, interdire la publicité automobile, réduire la taille des voitures, ramener les gares multimodales, ainsi que la nécessité d’accompagner les changements de comportements. 

Plus concrètement, une panéliste à présenté l’exemple de la Ville de l’Assomption qui a pris l’initiative d’électrifier son parc automobile ainsi que d’optimiser l’utilisation de ses véhicules et des déplacements de son personnel. La municipalité possède donc de plus petits véhicules électriques, et même des trottinettes électriques pour certains déplacements, et permet l’utilisation de sa flotte en autopartage à sa population via le système SAUVéR. 

La Ville Portland a aussi mis en place un programme d’accompagnement personnalisé qui a démontré réduire de 10 % la part modale de l’automobile auprès de 20 000 ménages annuellement. La Ville partageait des informations sur les options de transports dans un quartier et invitait les résident·e·s à commander du matériel pour faciliter leurs déplacements (ex. : lumières pour vélo, réflecteurs, etc.) La livraison de ces objets était faite par une personne spécialiste en mobilité qui en profitait pour conseiller les personnes, répondre à leurs questions et partager de la publicité pour la mobilité durable.

Alexandra Warnet a invité les élu·e·s et fonctionnaires à “saisir l’opportunité que donne le ministre Fitzgibbon [en évoquant la nécessité de réduire de 50 % le nombre de véhicule au Québec] et d’intégrer la notion de démotorisation dans nos plans et politiques comme l’a fait la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) dans le Plan Climat. Ce sont 82 municipalités qui ont adopté ce plan en partant d’une simple citation.” Il a conclu en disant que “le tabou de la démotorisation est brisé et qu’il est temps de saisir l’opportunité” pour aborder et agir sur le sujet. 

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